Jérémie, Paméla et Éric

Présentation du blogue

Nous sommes deux finissants du profil Lettres du cégep Marie-Victorin, Éric Veilleux et Paméla Brossard Déraspe, et ce blogue, qui prendra la forme de carnets de voyage, rend compte de notre expérience au Maroc, dans le cadre d'un voyage d'immersion culturelle. Au cours du dernier trimestre, nous avons étudié en profondeur l'oeuvre de l 'écrivain marocain Tahar Ben Jelloun et avons créé un dossier complet ( http://lettres.collegemv.qc.ca/?page_id=24). Dans le blogue, vous lirez nos textes qui raconteront non seulement notre première expérience au Maroc, mais aussi notre première expérience de voyageurs, guidés par un de nos professeurs de Lettres, Jérémie Lévesque, qui nous accompagne. Nos textes, inspirés par l'instant, la découverte et l'imaginaire, feront écho à notre lecture des romans de Tahar Ben jelloum, et particulièrement ses romans qui ont pour décor Fès, Tanger, Marrakesh.

mercredi 23 juin 2010

Sahara

Être à Marrakech avait tout de même un bon côté : nous pouvions, avec plus de facilité, organiser une excursion vers les dunes du Sahara. Notre choix s’arrêta sur l’agence Sahara expédition, qui nous fut chaudement recommandée par le personnel de l’hôtel où nous logions.

Ainsi, pour environ 850 dirhams (soit à peu près l’équivalent de 100 dollars canadiens), nous nous permîmes un périple de 3 jours/2 nuits en demi-pension vers le village de Merzouga, situé à moins d’une heure en voiture du désert limitrophe avec l’Algérie.

Très tôt le premier jour, un minibus vint nous chercher, ainsi que nos bagages, à l’hôtel. À l’intérieur, sept autres touristes pour partager l’espace avec nous : deux Marocains de Rabat, trois Espagnols, ainsi qu’une vieille dame japonaise et sa fille. Ironiquement, nous devînmes ce que, tout au long du voyage, nous avions tourné en dérision : un groupe de touristes! Néanmoins, à dix personnes au total, le plaisir de l’excursion n’en fut pas pour autant amoindri. Au contraire, il fut même agréable de pouvoir partager un moment aussi unique avec sept autres personnes de cultures différentes.

La première journée nous amena à visiter plusieurs lieux et paysages extraordinaires du Maroc. Tout d’abord, une visite à la Casbah d’Aït Ben Haddou, site classé au patrimoine de l’UNESCO, et qui fut restaurée pour le tournage hollywoodien du célèbre Jésus de Nazareth de Franco Zeffirelli, avec Robert Powell. Vue de l’extérieur comme de l’intérieur, l’ancienne casbah donne l’impression d’un immense château de sable qu’on aurait moulé sur la plage. Il est impressionnant de grimper jusqu’à son sommet, et d’admirer la vue de son centre ainsi que la nouvelle casbah construite tout près.



Cette journée, nous passâmes également par Ouarzazate (et la Casbah qui servit de tournage aux films Star Wars), avant de poursuivre notre route vers les magnifiques gorges du Dades et, finalement, y passer la nuit dans une chambre d’hôtel remarquable.

Notre périple se poursuivit le lendemain au travers de l’imposant Atlas, que nous parcourûmes en altitude élevée. Nous fîmes également un arrêt dans un village au mode de vie traditionnel, où l’on nous invita à visiter une fabrique artisanale de tapis berbères. La rencontre fut chaleureuse, et il a été agréable d’observer une Marocaine (puisque ce travail est traditionnellement réservé aux femmes) travailler la laine pour ensuite tisser, selon plusieurs techniques, des tapis de toutes sortes.

Mais ce fut en arrivant à Merzouga que le voyage prit une autre tournure. Nous nous dirigions enfin vers les dunes du Sahara! Enfin, nous allions nous mesurer au désert, comme nous en avions rêvé depuis deux ans! Toutefois, et même si j’étais maintenant à 45 minutes de mon expédition de rêve, je fus stupidement embêtée par des pensées d’ordre pratique et hygiénique : aurai-je besoin de me cacher loin derrière les dunes pour faire mes besoins? Faut-il que j’apporte du papier de toilette? Pourrai-je me brosser les dents? Que dois-je apporter? Il fait très chaud, pourrai-je me changer, au moins le haut du corps?

J’imagine que ces tracas anodins disparurent complètement à la vue lointaine, mais grossissante des dunes. Nous fûmes un bon moment à rouler sur une petite route déserte. Puis, au beau milieu de nulle part, notre minibus quitta la route pour s’aventurer en ligne droite sur une terre aride et plate, faite de pierres sèches et de sable tapé. Ce que nous prîmes tout d’abord au loin pour des montagnes se révéla, à mesure que le minibus pénétra dans le désert, des montagnes de sable! La scène fut pour moi irréelle. Et je ne saurais bien rendre, par les mots, le sentiment qu’on peut éprouver lorsqu’on se retrouve devant un tel paysage. Je me rappelle d’ailleurs avoir retourné le mot irréel plusieurs fois dans mon esprit. C’est que je fus totalement bouche bée et émue. Il est donné à tous de pouvoir imaginer un désert fait de dunes ondulantes, mais de se retrouver devant cette merveille de la nature, de voir ses limites physiques et d’avoir parcouru des centaines de kilomètres afin d’arriver jusqu’à elles est tout simplement… irréel. Lorsqu’en sortant du bus les autres s’affairaient à préparer leurs bagages, moi je ne pouvais faire autrement que de rester béante devant cette beauté d’une grandeur impossible.



J’ai été placée en tête de file, à dos de dromadaire. Quelle chance! Perchée solidement sur mon remarquable porteur, je n’avais dans mon champ d’horizon que nos deux guides et l’immensité du désert. Du sable, une mer de sable chaud à perte de vue.



La ballade dura 1h30, mais parut courte, malgré le fait que le dromadaire n’est assurément pas le moyen de transport le plus confortable. Au pied d’une immense dune, un bivouac avait été installé pour nous permettre de passer la nuit. Nous prîmes quelques instants pour assister au coucher du soleil puis, la nuit tombée, nous nous sommes réunis, assis sur des tapis et autour d’une table basse, afin de partager un copieux repas de tajine de poulet avec pain berbère, et melons pour dessert. La soirée fut faite d’échanges, de chants et de tams-tams berbères.

Voyant que nous avions tous les yeux rivés vers le ciel, notre guide, Yassine, nous mena un peu plus loin, au sommet d’une dune, afin d’admirer la splendeur du ciel étoilé. Et nous restâmes ainsi un bon moment, étendus sur le sable, à observer le ciel le plus étoilé qu’il nous ait été donné à voir.

Cette nuit-là, malgré l’excitation, l’inconfort, la sensation d’être vraiment très sale, le désir de vouloir passer le plus de temps éveillé dans ce lieu, je ne pus repousser le sommeil et je dormis très bien.

Je sais que je retournerai dans le désert. Cette fois, plus longtemps.    

PAR PAMÉLA

2 commentaires:

  1. Faut-tu aller au Maroc pour maîtriser le passé simple???

    Farce à part, «Je me rappelle d’ailleurs avoir retourné le mot irréel plusieurs fois dans mon esprit. C’est que je fus totalement bouche bée et émue. Il est donné à tous de pouvoir imaginer un désert fait de dunes ondulantes, mais de se retrouver devant cette merveille de la nature, de voir ses limites physiques et d’avoir parcouru des centaines de kilomètres afin d’arriver jusqu’à elles est tout simplement… irréel.» on ressent bien ton émotion devant le paysage et l'expérience.

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  2. Ha Ha! Je me suis souvent dis que j'abusais du passé simple.

    Paméla

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