Jérémie, Paméla et Éric

Présentation du blogue

Nous sommes deux finissants du profil Lettres du cégep Marie-Victorin, Éric Veilleux et Paméla Brossard Déraspe, et ce blogue, qui prendra la forme de carnets de voyage, rend compte de notre expérience au Maroc, dans le cadre d'un voyage d'immersion culturelle. Au cours du dernier trimestre, nous avons étudié en profondeur l'oeuvre de l 'écrivain marocain Tahar Ben Jelloun et avons créé un dossier complet ( http://lettres.collegemv.qc.ca/?page_id=24). Dans le blogue, vous lirez nos textes qui raconteront non seulement notre première expérience au Maroc, mais aussi notre première expérience de voyageurs, guidés par un de nos professeurs de Lettres, Jérémie Lévesque, qui nous accompagne. Nos textes, inspirés par l'instant, la découverte et l'imaginaire, feront écho à notre lecture des romans de Tahar Ben jelloum, et particulièrement ses romans qui ont pour décor Fès, Tanger, Marrakesh.

jeudi 24 juin 2010

Bilan de voyage

Je suis de retour à Montréal, mais mon cœur bat encore au rythme de Casablanca, et des autres villes du Maroc que nous avons visitées. Mon corps se rebelle, il m’en veut. Il lutte contre le sommeil en plein jour, s’éveille en pleine nuit, plein d’énergie et prêt à sortir arpenter une ville inconnue.

Le matin, mon corps demande le pain berbère, les crêpes bien grasses et de la confiture, les viennoiseries, le panaché et le café au lait. Pendant la journée, il quémande du jus d’orange fraichement pressé et du thé à la menthe. Le soir venu, il s’étonne que je n’aie plus recours à mon habituel menu de survie au royaume des épices : le poulet et les frites, moi qui ne raffole pas des épices utilisées par les Marocains dans la nourriture.
Mon esprit fait également des siennes. Il est triste, nostalgique, distrait. Il ne comprend pas. Tout est allé beaucoup trop vite pour lui. Il accapare presque chacune de mes pensées à essayer de se rappeler les moindres détails. La voix du vendeur à la tannerie, le premier petit déjeuner à Casablanca lorsqu’il manquait du pain, la couleur orange des banquettes dans les trains, la soirée au restaurant italien lorsqu’Éric échappa toute sa monnaie par terre, la chanson Hello de Lionel Richie entendue dans un resto vide de Casablanca pendant une conversation sur le Bouddhisme, et j’en passe, et j’en passe, et, etc. En 16 jours, je réalise que nous avons passé beaucoup de temps à manger et dans les restaurants. Bien entendu, ces moments font aussi partie de notre immersion culturelle.

Jamais je n’aurais pu me douter que mon retour à Montréal serait accompagné d’un sentiment d’aliénation si fort. À dire vrai, j’ai l’impression d’être encore en voyage. Cette fois, chez une famille québécoise traditionnelle, chez mes grands-parents. J’observe leurs habitudes, leur mode de vie, leur chaleur, leur bienveillance, leur nourriture. Je ne peux m’empêcher de poser le même regard observateur sur eux que celui que j’adoptais en voyage.

À l’aéroport, leur accueil et celui de ma mère furent festifs et remplis d’amour. Et il fut agréablement étrange de constater qu’ils en savaient presque autant que moi sur mon voyage. Bien sûr, ils avaient lu le blogue chaque jour avec attention.

Bien que je croyais déjà très bien savoir que Montréal ou que le Québec, ou même que l’Amérique du Nord n’est pas le centre du monde, j’en prends maintenant conscience d’une façon, plus physique, plus tangible. Notre vie au Québec n’est qu’une parmi tant d’autres. Je ne veux plus voir les autres par rapport à nous, mais envisager d’une façon plus globale la grande mosaïque terrestre. À présent, je comprends les touristes étrangers qui choisissent le Québec.

Après ce voyage, je me sens plus forte, plus expérimentée, et fière d’avoir vu et vécu beaucoup de choses que la plupart des gens ne vivront jamais.

Je ne relirai plus jamais Ben Jelloun ou un autre auteur marocain de la même manière. Jamais je n’entendrai prononcer le mot Maroc sans que cela veuille signifier quelque chose, sans que des images, des sons, des odeurs, des goûts et des anecdotes particuliers ressurgissent.

PAR PAMÉLA

1 commentaire:

  1. C'est vraiment touchant pour moi de lire ce bilan... merci pour ces deux belles semaines Paméla.

    Jérémie Ali Baba

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