Ce matin, le coq de Tanger a crié. Encore.
Seulement, cette fois, mon sommeil lui a résisté. Je l’admets sans honte, mon égo m’autorise à jouir d’une victoire psychologique sur le coq de Tanger.
Un combat de coqs titanesque!
Par contre, le réveille-matin de Jérémie me réveille. Je saute du lit et me prépare à embrasser Tanger. Ce n’est pas le cas de mes deux compagnons, inertes. Je tente de les réveiller : rien à faire. Le K-O. Quelle perte de temps! Qu’ils sont faibles!
Alors je prends le portable et m’installe pour compléter le texte ébauché la nuit précédente. J’entends Tanger se réveiller tranquillement par la porte-fenêtre située à ma gauche.
Et j’écris.
Un peu.
Et puis plus du tout : mon corps se fond au lit et mes paupières tombent sous le lever du soleil tangérois. Il me semble que je pourrais dormir un peu, ne serait-ce que cinq minutes. Seulement cinq minutes. Ce serait pardonnable. Dans la médina de Tanger, il y a une multitude de Tangérois qui ne font que glander toute la journée et raconter des histoires aux touristes. Ici le temps est les histoires se côtoient et s’acoquinent. Je pourrais donc dormir cinq minutes de plus avant de terminer l’histoire de mon texte.
Je ferme les yeux.
Les cinq minutes s’écoulent et mes yeux s’ouvrent; mais mon corps a de la difficulté à se redresser. Je suis lourd. Comme si j’avais fondu à travers le matelas pour m’incruster dans le bois de la base du lit.
Grand orgueilleux, j’escalade la surface du matelas et m’accroche à mon portable. Mais la tentation est très forte. Je n’aurais qu’à fermer les yeux et je replongerais dans la base du lit.
Et l’amalgame de sensations matinales – sons de Tanger en éveil, odeurs épicées, fraicheur matinale, douceur du drap – s’évanouit. Je suis dans un sommeil lointain, très lointain. Un sommeil que j’ai emporté de Montréal. Cette sieste, c’est la vengeance du décalage horaire.
Satané coq hurleur!
Sept minutes sont passées en douce, et mes paupières escaladent le plafond de la chambre d’hôtel. Je lutte avec l’énergie du désespoir. Je dois me réveiller!
Je rampe sur le lit; devant, moi, j’aperçois la ville de Tanger, vivante, bruyante et infatigable. Elle se moque de moi, j’en suis certain. Je regarde son ciel, où un rassemblement de nuages se forme, à l’improviste, créant une journée morne. Tanger a envoyé ses nuages sur notre hôtel, seulement pour obscurcir la journée, et m’inciter à dormir.
Et je replonge bien au fond du matelas, vers la base du lit, atteignant un sommeil dur comme du bois.
Finalement, je me sens vaincu par la ville de Tanger. Mais ne t’en fais pas, Tanger… j’aurai ma vengeance!
La prochaine fois que vous entendez un coq hurler, réveillez-vous!
PAR ÉRIC
Impossible de penser à Tanger sans penser à ça:
RépondreSupprimerhttp://theo.underwires.net/1957-la-beat-generation-a-tanger
Bonne continuation à vous trois!
Christian b.
Éric!
RépondreSupprimerJe me doutais bien que ces satanés coqs ne pouvaient sévir qu'à Boca Ciega, Cuba... Je l'aurais cloué à la porte de la casa, pour l'offrir en pâture aux autres voyageurs, aussi emballés que nous par son chant nocturne... je voulais dire matinal...
Courage... Tu auras le dernier mot... Bon voyage!
Stéphane X.
Merci Christian pour cet excellent site; nous avons d'ailleurs pris en photo le café fréquenté par William Burrough à Tanger; tu pourras le voir dans nos photo.
RépondreSupprimerMerci également Stéphane: un jour, nous vaincrons les coqs!
p.s. désolé pour nos commentaires tardifs; nous avons beaucoup de problème avec nos connnection internet. Mais vos messages nous font chaud au coeur!
Éric